Le canal de Suez fut construit entre 1859 et 1864, sous la direction de l'architecte Ferdinand de Lesseps. Une société commerciale fut créée le 30 novembre 1954 (75%des bénéfices allaient à cette société, 15% au gouvernement égyptien et 10% au concepteur du projet). Le canal s'étire sur 120 miles, de la Méditerranée au Golfe de Suez. C'est le plus long canal sans écluses du monde, et le troisième en longueur après le détroit su Saint-Laurent en Amérique du Nord et le canal entre la Baltique et la Mer Blanche en Russie.
Le 26 juillet 1956, le leader égyptien, le colonel Nasser nationalise la compagnie franco-britannique du canal de Suez. Il annonce que les revenus seront utilisés pour la construction du barrage d'Assouan, au détriment de l'entretien du canal. Le premier ministre français Guy Mollet et son homologue britannique Eden décident de réagir. Deux solutions s'offrent à eux :
-Une intervention limitée à la reprise du canal de Suez.
-Une intervention beaucoup plus importante qui viserait à non seulement reprendre le contrôle du canal mais également à renverser le régime de Nasser qui soutient le FLN dans la guerre d'Algérie.
Le 8 août une ébauche de plan qui prévoit une opération pour le 15 septembre est présentée. Deux opérations sont envisagées.La première, soutenue par le gouvernement britannique et l'amiral français Barjot, prévoit un débarquement à Port-Saïd, c'est à dire directement dans la zone du canal. La seconde, qui reçoit l'appui de l'état-major britannique et du général français Beaufre, prévoit un débarquement dans le port d'Alexandrie.
Accepté sous le nom d'Opération Mousquetaire, ce plan ambitieux prévoit finalement une attaque de front d'Alexandrie, menée par les Britanniques et les Français engagés séparément. La capture d'Alexandrie serait suivie d'une marche sur le Caire, avec possibilité de mener une bataille décisive devant les pyramides, entre le septième et le quinzième jour de l'offensive. Tout ceci mènerait non seulement à la destruction de l'armée égyptienne, mais aussi au renversement de Nasser et, enfin, à la reprise du contrôle sur le canal de Suez.
Le 18 août 1956, les moyens navals prévus par les deux nations pour l'Opération Mousquetaire seraient les suivants:

Royal Navy Marine Nationale
-1 porte-avions lourd : Eagle.
-1 porte-avions léger :
Bulwark.
-90 avions embarqués.
-3 croiseurs : Jamaïca, Glasgow, Royalist.
-5 escorteurs d'escadre type Daring.
-3 destroyers.
-4 frégates rapides.
-1 navire de commandement : Tyne.
-1 LSH.
-4 LST.
-8 LCT
-Plusieurs dragueurs.
-2 porte-avions : Arromanches, Lafayette.
-36 F4U-7 Corsair (14.F/15.F), 2 HUP-2 (23.S), 5 TBM-3W Avenger (9.F), 5 TBM-3S Avenger (9.F).
-1 batiment de ligne : Jean Bart.
-2 croiseurs : Georges Leygues, De Grasse.
-4 escorteurs d'escadre : Surcouf, Cassard, Bouvet, Kersaint.
-4 escorteurs rapides : Le Corse, Le Bordelais, Le Boulonnais, Le Brestois.
-8 escorteurs.
-1 navire de commandement.
-3 dragueurs.
-1 LSD : Foudre.
-4 LST :
-3 LCH :
MARINE NATIONALE
EE Malgache (F 724)
Aviso Gazelle (F 736)
DC Chrysanthème (M 672)
LST Cheliff (L 9006)
PR Giboulée (A 741)
PA Arromanches (R 95)
EE Surcouf (D 621)
Aviso La Pérouse (F 750)
DC Cyclamen (M 674)
LCT-9070
PR Liamone (A 760)
PA Lafayette (R 96)
EE Kersaint (D 622)
Aviso Amiral Mouchez (F 752)
DC Glaïeul (M 678)
LCT-9071
RHM Pachyderme (A 718)
SM La Créole (S 606)
EE Cassard (D 623)
Aviso Marcel Le Bihan (F 753)
DC Lilas (M 682)
LCT-9083
RHM Bélier (A 719)
BL Jean Bart (B 61)
EE Bouvet (D 624 )
DC Pivoine (M 633)
DC Liseron (M 683)
LCT-9084
RHM Filao (Y 638)
C Georges Leygues (C 604)
EE Dupetit-Thouars (D 625)
DC Acacia (M 638)
DC Mimosa (M 687)
LCH-9055
Commando-Marine De Montfort
EE Arabe (F 717)
EE Vauquelin (D 628)
DC Acanthe (M 639)
DC Muguet (M 688)
Batîment Cdt Gustave Zédé (A 641)
Commando-Marine De Penfentenyo
EE Kabyle (F 718)
ER Le Corse (F 761)
DC Jasmin (M 663)
DC Pavot (M 693)
Gabare Criquet (A 761)
Commando-Marine Hubert
DE Bambara (F 719)
ER Le Brestois (F 762)
DC Ajonc (M 667)
LSD Foudre (A 646)
PR La Baise (A 625)
Commando-Marine Jaubert
EE Sakalave (F 720)
ER Le Boulonnais (F 763)
DC Azalée (M 668)
LST Laita (L 9001)
PR Elorn (A 620)
9F (cinq TBM-3W et cinq TBM-3)
EE Touareg (F 721)
ER Le Bordelais (F 764)
DC Bégonia (M 669)
LST Orne (L 9002)
PR Lac Tonlé Sap (A 630)
14F (18 F4U-7 Corsair)
EE Soudanais (F 722)
ER Le Normand (F 765)
DC Bleuet (M 670)
LST Rance (L 9004)
PR Lac Tchad (A 631)
15F (18 F4U-7 Corsair)
EE Berbère (F 723)
ER Le Picard (F 766)
DC Camélia (M 671)
LST Odet (L 9005)
PR Sahel (A 638)
23S (deux HUP-2)

Préparatifs à bord du porte-avions Arromanches
Après embarquement d'essence au Lazaret le 13 août et démagnétisation, l'Arromanches reprend la mer le 27, embarque la 9.F à Aspretto (Ajaccio) le 28, mouille aux Salins le 29 et repasse à Aspretto le 30.
Il est à Bizerte le 31 août et le 1er septembre, le temps d'embarquer la 14.F. Il retourne sur la côte varoise pour entraîner la 9.F et la 14.F. La période est une succession de mouillages aux Salins, le tout coupé par un passage à Aspretto le 4 septembre et surtout une escale à Alger du 20 au 22 septembre, pour un exercice de débarquement le 21 et le 22 et un regroupement de la Forece Navale d'Intervention. Le 27 septembre, il fait un exercice avec une force navale britannique. Il largue ses deux flottilles le1er octobre et s'amarre à Milhaud (Toulon) jusqu'au 22, séjour coupé par une série d'exercice du 10 au 12. L'Arromanches appareille de Toulonle 22 octobre, fait un passage à Aspretto (Ajaccio) pour reprendre le gros de la 9.F, ramasse la 14.F et des TBM Avenger de la 9.F qui étaient à Karouba et mouille sur rade à Bizerte le 23. Après ravitaillement et l'embarquement du contre-amiral Caron, il appareille de Bizerte le 27 octobre avec le porte-avions Lafayette et l'escorteur Cassard. La navigation se fait en ordre dispersé. Le Surcouf, le Bouvet et les escorteurs rapides rallient les porte-avions le matin du 30 octobre. L'Arromanches se ravitaille à la mer avec l'Elorn et la Baïse et détecte, de loin, un groupe de la VIe Flotte américaine avec les porte-avions Coral Sea et Randolph dans le sud est de la Crète. Les porte-avions britanniques sont rejoint en fin d'après-midi le 30 mais chaque groupe va opérer indépendamment, au large du delta du Nildans sa propre zone de manoeuvre, à une cinquantaine de milles de la côte, les Français côté large, les Britanniques côté terre, leurs avions à réaction embarqués ayant moins d'autonomie que les Corsair français. Le groupe aérien de l'Arromanches est composé de 10 TBM Avenger (5 TBM-3W et TBM-3S) de la flottille 9.F, 14 F4U-7 Corsair de la 14.F et 2 hélicoptères HUP-2 pour assurer la mission "Pédro" (sauvetage des pilotes éjectés lors des manoeuvres de catapultages et d'appontages) de l'escadrille 23.S. Le Lafayette quant à lui embarque 22 F4U-7 Corsair des flottilles 15.F (18) et 14.F (4) et 2 HUP-2 de l'escadrille 23.S.

Français et Britanniques subissent quelques revers sur le front diplomatique tandis que les Américains tentent de trouver un compromis. Le 14 septembre 1956, afin de provoquer une crise servant de prétexte à une intervention franco-britannique, tous les pilotes européens de la Compagnie Universelle du Canal, à l'exception des Grecs, se retirent. Mais Nasser avait prévu le coup et embauche immédiatement des pilotes d'Europe orientale. Le doute s'installe du côté des alliés, jusqu'à ce que la France décide de s'allier avec Israël en lui livrant un stock impressionnant d'armes (chars, avions de transport, camions, bazookas, etc.). Le 10 octobre, un accord militaire et politique est signé entre le ministre français A.Thomas et l'israelien Shimon Pérès. Le 22 octobre, les Britanniques donnent leur accord pour le plan d'intervention suivant:
-Attaque israélienne dans le Sinaï jusqu'au canal de Suez ;
-Attaque des aérodromes égyptiens par l'aviation britannique ;
-Dépôt d'un ultimatum à l'armée israélienne lorsque celle-ci approchera du canal ;
-Intervention franco-britannique à Suez pour protéger le canal de la guerre.

L'intervention israélienne démarre avec succès le 29 octobre 1956. L'escorteur d'escadre Kersaint en patrouille au large d'Haïfa attaque le destroyer d'escorte égyptien Ibrahim el Awal, qui se prépare à tirer sur la côte israélienne. L'engagement dure 10 minutes, jusqu'à ce que le Kersaint soit victime d'une avarie d'arbre. Il appelle la Marine israélienne en renfort, qui s'empare du navire.


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sources - remerciements :
Yves Buffetaut, "Il y a cinquante ans, la crise de Suez", Marines et Forces Navales N°104, Marines Editions, août-septembre 2006, pp 16-35.
Jean Moulin, "L'affaire de Suez", Les porte-avions Dixmude & Arromanches, Marines Editions, juin 1998, pp 178-186.
Jean Moulin, "L'expédition de Suez", Les porte-avions Lafayette & Bois-Belleau, Marines Editions, octobre 2000, pp 67-74.

 

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