Base d’aéronautique navale de Nîmes-Garons – 1er décembre 1960

HISTORIQUE

Situation géographique de la BAN Nîmes-Garons. (©Google Earth)Insigne de la BAN Nîmes-Garons. (©Marine Nationale)Des marins à Nîmes (Gard); le paradoxe n'est qu'apparent. L'implantation de cette unité marine à l'intérieur des terres, loin des grands ports militaires, se conçoit par le type des aéronefs mis en oeuvre et leur rayon d'action.
L'action maritime nécessite en effet un ensemble de moyens cohérents, capable d'agir sur les mers.
C'est un peu avant la seconde guerre mondiale que l'Etat achète les terrains actuels sur ce plateau situé à 10 kilomètres au sud de la ville de Nîmes, pour y créer un aérodrome et y réaliser, dès 1939, une piste en terre battue. Elle est alors couramment utilisée par les membres de l'aéroclub de Courbessac.

La guerre arrive; les Allemands construisent une piste de 1.800 mètres sur l'emplacement du chemin de roulement actuel pour leurs avions de transport Junker 52.
En 1958, la décision est prise d'implanter une base aéronavale. Cette décision répond à une double nécessité :
-Trouver un point d'accueil pour le rapatriement des formations aéronavales stationnées à Oran (Algérie) et Agadir (Maroc).
-Disposer d'une grande base d'aviation de patrouille maritime sur la façade méditerranéenne.
Inaugurée le 24 octobre 1961, la BAN Nîmes-Garons va, en trois ans, recevoir toutes les formations affectées et trouver son régime de croisière. La BAN Nîmes-Garons en 1965. (©Marine Nationale)
La première flottille arrive de Hyères en octobre 1961, il s'agit de la 6.F sur Br.1050 Alizé. La flottille 28.F sur P2V-6 Neptune arrive en septembre 1962 et repart pour Hyères en avril 1963 pour y être dissoute un mois plus tard. Les 21.F et 22.F sur P2V-6 Neptune arrivent en provenance de la BAN Lartigue (Algérie) en novembre et mai 1963. Les flottilles 21.F, 22.F et 28.F forment le Groupe d'Aéronautique Navale n° 6 (GAN 6) créé le 1er juillet 1961.
L'escadrille 56.S/ Ecole du Personnel Volant et Radariste en provenance de Lann-Bihoué, s'implante en avril 1964. La 21.F retirent ses Neptune et reçoit des Breguet 1150 Atlantic en novembre 1965. La 22.F quant à elle, reçoit ses Atlantic un an plus tard. La Section P2V-6 du Pacifique est créée à Nîmes-Garons le 1er janvier 1966 sous les ordres du LV Brin. P2V-6 Neptune de la flottille 22.F. (©Marine Nationale)Elle devient escadrille 8.S (3ème) le 6 mars 1966. Elle stationne sur la base pendant un mois puis part pour six mois à Hao dans le Pacifique.
Elle est finalement dissoute en janvier 1967. Le GAN 6 est également dissout le 30 septembre 1969. Les deux flottilles de patrouille maritime sont à nouveau rassemblées au sein du GAN 3 créé le 17 janvier 1972. Son existence sera de courte durée puisqu'il est dissout le 1er octobre 1973.
En novembre 1993, les Atlantic laissent la place aux Atlantique de nouvelle génération au sein de la 21.F. La flottille 22.F sur Atlantic est dissoute 1er octobre 1996.
L'année suivante est crée le Centre d'Entraînement et d'Instruction de Nîmes-Garons (C.E.I. Nîmes-Garons). La flottille 6.F, dernière unité à opérer sur Br.1050 Alizé est dissoute le 15 septembre 2000. Au cours de l'été 2002, c'est au tour de l'escadrille 56.S d'être dissoute, ses moyens (Nord 262E Frégate) étant affectés à la flottille 28.F (sur Nord 262E Frégate et EMB-121 Xingu) fraîchement débarquée de la BAN Hyères.
Br.1150 Atlantic de la flottille 22.F sur le tarmac de la BAN Nîmes-Garons. (©Christian Boisselon)Avec plus de quatre mois d'avance sur le planning fixé en 2008, la Marine a décidé de retirer du service les avions de surveillance maritime et d'instruction Nord 262E Frégate. Après plus de 40 ans d'activité, un dernier appareil de la flottille 28.F a effectué, le 25 février 2009, son dernier vol à partir de la base d'aéronautique navale de Nîmes-Garons. Au nombre de 10, les Nord 262E Frégate de la flottille 28.F intervenaient notamment dans la lutte contre l'immigration clandestine, le narcotrafic ou la pollution, ainsi qu'en soutien des opérations de sauvetage en mer. Ils servaient aussi à l'entrainement des élèves de l'Ecole du Personnel Volant, implantée à Nîmes. Mécaniciens, détecteurs, navigateurs, radios, ainsi que les jeunes pilotes, passaient à bord de ces machines pour se former. Faute de moyens propres, la marine sous-traitera, à partir de l'été, la formation du personnel volant à la société nîmoise Avdef, qui l'assurera à bord de ses avions civils sur une période de deux ans renouvelables.

Le tarmac et les hangars de la flottille 28.F. (©Marine Nationale)

Dernier alignement de Br.1050 Alizé sur le tarmac de la B.A.N. Nîmes-Garons le 15 septembre 2000. (©A. Buonomo)A la suite des conclusions du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale et des travaux de modernisation menés dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), le Premier ministre et le ministre de la défense ont présenté le 24 juillet 2008 la nouvelle organisation territoriale de la Défense, qui sera mise en place progressivement sur une période de six à sept ans, et les mesures de redynamisation qui l’accompagneront. Parmi les mesures de restructuration, est notamment programmée la fermeture, à partir de 2011, de la base d’aéronautique navale de Nîmes Garons.
Le 6 avril 2011, Gérard Longuet , ministre de la Défense et des Anciens combattants, signe le plan local de redynamisation (PLR) du Gard sur la base d’aéronautique navale de Nîmes-Garons. Le maintien d’une activité aéronautique à Nîmes est un enjeu économique de première importance et la reconversion de la base aéronautique navale fait l’objet d’un accompagnement prioritaire. L’aéroport civil connaît en effet une importante activité de transport de passagers (700 emplois directs et indirects ), de maintenance et réparation d’avions civils. Le montant total du PLR s’élève à 13 millions d'€ . Le PLR se décline en trois axes stratégiques de développement : consolidation de l’activité aéronautique ; création d’un pôle d’entreprises aéronautiques ; création de la zone d’activité économique MITRA, contiguë à la base BAN. Une partie de l’emprise sera occupée par le 503ème régiment de train et le groupement de soutien au base de Défense (GSBDD).
Cérémonie de dissolution de la BAN Nîmes-Garons. (©Marine Nationale)Une cérémonie de dissolution de la Base d’Aéronautique Navale (BAN) de Nîmes-Garons a eu lieu le 1er juillet 2011, présidée par l’amiral Pierre-François Forissier, chef d’État Major de la Marine (CEMM) et en présence du vice-amiral d’escadre Yann Tainguy, préfet maritime de Méditerranée, du contre-amiral Henri Bobin, l’amiral commandant l’Aéronautique navale et du capitaine de vaisseau Lionel Mathieu, commandant de la BAN. Les anciens commandants de la base étaient présents pour l’occasion. Au cours de la cérémonie, le fanion de la BAN a été remis au CEMM par l’actuel et dernier commandant de la base.

Pour la première fois, les emprises d’un site de l’aéronautique navale sont mises à disposition de l’armée de Terre. Les «pingouins» de Nîmes Garons cèdent la place au 503° régiment du Train. Et la BAN devient BDD. Depuis plusieurs mois, la BAN de Nîmes-Garons a transféré l’essentiel de son activité opérationnelle et technique vers la BAN Lann-Bihoué. Le redéploiement des hommes (1.500 personnes environ) et du matériel a commencé dès 2010. Les flottilles, d’abord, ont dans leur majorité mis le cap sur Lorient et la base de Lann Bihoué. La Bretagne accueille déjà la flottille 21F, ses Atlantique et ses 300 personnels (pilotes, équipages, mécaniciens...).
Avec la 23.F, Lann-Bihoué va donc désormais abriter une quinzaine d’avion en ligne pour les missions de patrouille maritime. Le regroupement des flottilles permettra une disponibilité accrue des parcs. Dans le même temps, cette réorganisation rapproche ces appareils dont l’une des missions est la lutte anti-sous-marine de la Force océanique stratégique à Brest. Enfin, la flottille 28.F et ses 5 EMB-121 Xingu ont également rejoint le Morbihan en juillet 2010.
Vue aérienne de la BAN Nîmes-Garons. (©Marine Nationale)Les «tringlots», surnom donné aux fantassins du train, ont déjà acheminé d’importants convois depuis leur camp de Souge (Loir-et-Cher) jusqu’à la base de Nîmes Garons, le régiment devant être opérationnel le 1er juillet. Le site a d’ailleurs été adapté aux besoins de ses nouveaux occupants: restructuration de cinq bâtiments et construction de six nouveaux pour l’hébergement des militaires.
Après la fermeture des bases d’Aspretto (1993), de Saint-Raphaël (1995), Saint-Mandrier (2004) et maintenant de Nîmes Garons, l’aéronautique navale en Méditerranée est désormais limitée à la BAN de Hyères. La BAN de Lann-Bihoué devient, aussi, l'unique base métropolitaine de l'aviation de surveillance et de patrouille maritime pour toute la France.
La dissolution de la BAN nîmoise ouvre également d’autres chantiers importants de transferts de ses activités. Ainsi les indispensables phases d’entraînement des avions de chasse du groupe aérien embarqué (Gaé) sont naturellement délocalisées. Le besoin annuel pour les appontages simulés sur piste (ASSP) est d’ores et déjà partiellement satisfait à Istres. Cette activité a nécessité des aménagements de la plate forme comme notamment un éclairage spécifique pour le vol de nuit et la mise en place d’un système optique d’aide à l’appontage conforme à celui du porte-avions.
Après cinquante ans d’existence, la fermeture de la base aéronavale de Nîmes fait partie des restructurations prescrites par le Livre Blanc, la nouvelle carte des emprises territoriales, et l'audit de révision générale des politiques publiques (RGPP). Depuis 2008, l'enjeu est bien d'assurer dans la sérénité d’une part la gestion des ressources humaines, civiles et militaires sans pertes de compétences pour l'aéronautique navale, et d'autre part la réalisation d'infrastructures nouvelles dans un délai très court.

sources - remerciements :
"Les commandements de l'Aéronautique Navale" (1912-2000) ; Major Norbert Desgouttes ; ARDHAN - 2001
Marine Nationale.

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