HYDRAVION BIMOTEUR DE PATROUILLE MARITIME

HISTORIQUE

Développement et carrière de l'appareil

Le prototype de l'avion (XPY-1, renommé XPBY-1) a volé pour  la première fois le 21 mars 1935. Il est peu probable que le record du Catalina en tant qu'hydravion le plus construit dans l'histoire de l'aviation ne soit jamais surpassé.

Consolidated construisit (ou en accorda la licence de construction au Canada et en U.R.S.S.) pour plus de 4.000 exemplaires de ce bimoteur à ailes hautes, robuste et simple, sur une période de dix ans débutant en 1935. Utilisé par pratiquement toutes les nations alliées pendant la deuxième guerre mondiale, l'humble PBY a volé plus d'heures, pendant des patrouilles de combat, que n'importe quel autre avion de guerre américain de cette période. Le squadron VP-11 de l'US Navy a été la première unité à recevoir le nouveau hydravion, prenant livraison du premier PBY-1 en octobre 1936. Vu la cadence de fabrication, 14 squadrons sont équipés au milieu de l'année 1938, et beaucoup d'autres ont été programmés pour le recevoir. Des améliorations de motorisation ont eu comme conséquence de nouvelles variantes, mis en service au cours des quatre années à venir, comme le PBY-5A équipé d'un train d'atterrissage tricycle, permettant de plus grande capacité d'utilisation. Consolidated à continué les améliorations de son avion, qui a prouvé sa valeur tout au long des années du conflit. La version finale à la fin de la guerre étant le PBY-6A, désigne OA-10B dans la nomenclature de l'U.S.A.A.F.

Après-guerre, le Catalina est bien resté en service dans les armées jusque dans les années 70, tandis qu'en Amérique du Nord le dernier bombardier du feu utilisé dans le civil ont été retirés tout récemment.

 

Les 43 PBY-5A Catalina en service dans l'Aéronautique navale (1943-1971)

En 1940, la Marine française désireuse de rééquiper certaines de ses unités d'exploration (notamment la E4 et la 10E) passa commande de 40 exemplaires du Consolidated 28-5MF (PBY Catalina). Les livraisons auraient dû débuter au cours du quatrième trimestre de 1940, pour se terminer en 1941. L'armistice intervint avant qu'un seul appareil ait pu être livré.
Cependant à partir de 1943, l'Aéronautique navale utilise 43 exemplaires et ce jusqu'en 1971. A noter qu'en 1946, deux OA-10A (ex-U.S.A.F.) sont achetés (BuAer 434019 et 434063) et condamné en 1955. Ils sont désignés PBY-6A dans l'Aéronautique navale (il s'agit d'une pure invention de sa part).

Les "fagot" de la flottille 6.F (04.1943-10.1944)
Suite à un accord entre les Forces Navales Françaises Libres et l'U.S. Navy, le CC Charles-Henri de Levis-Mirepoix prend le commandement de la flottille 6FE alors en formation aux États-Unis sur PBY Catalina. Après s'être entraînée à Elizabeth City et Banana River, l'unité passe en O.T.U. (Operational Training Unit). Elle est déclarée constituée officiellement par l'U.S. Navy, le 15 septembre 1943 sous le nom de French Patrol Squadron One (VFP-1). La flottille rallie Agadir en deux détachements successifs, tandis qu'un échelon d'accompagnement avec un matériel considérable rejoint l'A.F.N. par bateau de l'U.S. Navy. Placée en avril 1944 sous l'autorité du Commander Moroccan Sea Frontier Forces, la
6FE/VFP-1 armée de quinze Catalina et basée à Agadir alors Naval Auxiliary Air Facility de l'U.S. Navy assure la protection des convois et effectue des sweeps ASM. Les amphibies opèrent depuis Agadir et Port-Lyautey, surveillant le détroit de Gibraltar mais surtout les Canaries.

Le 15 et le 23 avril 1944, des Catalina essuient même sans dommage, des tirs au-dessus de Sanata Cruz de Teneriffe. Le 23 juin 1944, un appareil en entraînement s'écrase en mer - sur sept membres d'équipages seuls deux survivent. En juillet, alors que douze Catalina sont opérationnels, un nouvel accident survient le 12 - sur les neuf hommes d'équipage, quatre ont survécu. En septembre, il n'y a plus que cinq hydravions à Agadir avec le départ d'un détachement pour Ajaccio. Depuis le 10 juillet déjà les équipages sont en transformation sur PV-1 Ventura.

PBY-5A Catalina de la flottille 6FE. (© DR)

Très vite, les hydravions ont été détachés en deux groupes de trois, l'un à Ajaccio-Campo del Oro, l'autre à Malte, où leur mission est désormais la surveillance des mines et des vols de liaison. Le 1er septembre, il n'y a plus qu'un seul Catalina à Agadir, et qui ne vole plus faute de pièces de rechange. En octobre, la relève des Catalina par les PV-1 Ventura est réalisée.

La flottille 8.F (1944-1951)
La 8ème Flottille d'Exploration dans la tourmente de la Deuxième Guerre Mondiale
Par décision du 29 avril 1944 (n°418 EMG/AERO/O) la 8ème Flottille d'Exploration est crée aux États-Unis. Dès le 15 mai, le personnel est en route pour les États-Unis à partir de Casablanca. Elle succède à la 6FE qui vient juste d'achever sa formation et qui rallie Agadir le 7 février 1944.

Elle est désigné VFP-2 (French Patrol Wing No 2). Elle est divisée en deux détachements :
-Le premier sous commandement du CC Pacaud et LV Sirouy son second, commence sa formation en juin 1944.
-Le second, dirigé par le LV Kerros débute quant à lui le 8 août de la même année.

La formation du personnel qui requière 1.200 heures se divise en deux phases :
-Accoutumance et familiarisation à Norfolk et Elizabeth City.
-Entraînement à la guerre anti sous-marine à Bocca Chica.

La cérémonie de création de l'unité et la remise des quinze PBY-5A Catalina (BuAer 48561 à 48576) qui l'équipe a lieu le 1er juillet 1944 à Norfolk en présence de l'Admiral Bellinger et l'Amiral Fenard qui remettent le commandement au CC Pacaud.
Le Catalina BuAer 48561 piloté par l'OE Galliegue est perdu le 27 juillet au large de Norfolk en raison de très mauvaises conditions météorologiques.

PBY-5A Catalina de la flottille 8FE, probablement à Agadir. (© DR)

Un premier groupe de six appareils quittent Morrison Field le 25 août et rallie Agadir le 7 septembre. Les huit restant arrivent deux mois plus tard.
A la suite des débarquements alliés successifs en Méditerranée, un détachement est envoyé à Campo del Oro (Corse) puis à Cuers. La 8FE est alors chargée de localiser les mines de Port Vendrès à Hyères, puis d'effectuer des patrouilles de protection et de déminage sur une zone d'opération s'étendant de Vintimille à Gênes.

Par crainte des sous-marins allemands, l'État-major américain redéploie la 8FE à Port-Lyautey qui forme avec la 6FE le Groupe Aéronautique Navale n°1 (GAN1) à partir du 23 décembre 1944.

L'unité n'obtient qu'une seule détection lointaine sur sous-marin et n'a pas l'occasion de traiter l'objectif. Cependant, les convois (y compris le croiseur qui a transporté Roosevelt à Yalta) qu'elle protège n'ont fait l'objet d'aucune attaque.
Elle déménage à la B.A.N. Agadir et reste sous commandement américain jusqu'en juillet 1945. Le 9 août 1945, la 8FE reçoit la Croix de Guerre 1939-1945 et une citation à l'Ordre du Corps d'Armée.

PBY-5A Catalina de la flottille 8FE. (© Coll. Louis Cinca)

Les Catalina dans le " bourbier " indochinois
Quatre appareils (BuAer 46566, 46567, 46570 et 46574) sont choisis pour partir en Indochine. Les deux premiers appareils décollent du Bourget le 4 octobre 1945 et arrivent à Saïgon le 27. Les deux autres les rejoignent deux jours plus tard. Du 1er novembre au 31 décembre 1945, les Catalina effectuent des missions d'appui, reconnaissance et observation au profit du Corps Expéditionnaire envoyé pour lutter contre le mouvement indépendantiste.
Le 5 décembre, par circulaire ministérielle n°3116 EMG/AERO/3 la 8FE devient la
8.F. La décision est effective le 1er janvier 1946. Le 6 mars 1946, lors du débarquement de la Force Z du Général Leclerc, les Catalina et les Aïchi E13A1 Jake de la 8.S sont les seuls appareils capables d'assurer le soutien des troupes en raison du manque de terrain d'aviation et de porte-avions.
Les appareils assurent également des missions de transport et liaison.

PBY-5A Catalina de la flottille 8F sur le terrain de Paksé au Laos. (© SHAA)

Le 24 mars 1946, c'est d'ailleurs un " Cat " de la 8.F qui transporte le leader indépendantiste Hô Chi Minh (futur président du Vietnam) de Hanoï jusqu'en baie d'Along. Au 1er trimestre 1946, la flottille peut s'enorgueillir d'avoir effectué 284 heures de vol (44 missions opérationnelles pour 172 heures de vol), 139 passagers et 500 kg de fret transportés. Au troisième trimestre, un total de six appareils de la 8.F est affecté en Indochine. Par conséquent le bilan est éloquent : 603 heures de vol, 60 missions pour 256 heures, 508 passagers et 11 tonnes de fret transportés.

Au 1er janvier de l'année suivante, elle opère depuis Cat Laï et effectue des missions de surveillance maritime. Le 21, elle reçoit par ordre EMG/M/O, une seconde citation à l'Ordre du Corps d'Armée et une seconde étoile de vermeil à sa Croix de Guerre 1939-1945. Au troisième trimestre, la 8.F est forte de 6 Catalina en ligne et 2 en volant de réserve. En deux ans, la flottille a accompli 3.000 heures de vol dont 2.000 missions de guerre, transporté 3.000 passagers et 30 tonnes de fret. En juillet 1947, une explosion a lieu à bord d'un Catalina à cause d'une grenade au phosphore ; sept blessés sont à déplorer. Le 23 juin 1947, elle reçoit la Croix de Guerre des T.O.E. (Théâtres d'Opérations Extérieures) avec palme.
Un Catalina opérant depuis Haïphong, aux ordres du Commandant de la Marine du Tonkin, assure la surveillance maritime du Tonkin et soutient les débarquements. Deux appareils sont placés sous les ordres du D.N.E.O. (Division Navale d'Extrême Orient) qui ont pour mission la surveillance maritime de la frontière du Siam jusqu'à celle de la Chine. Deux autres sont mis à la disposition du Général commandant les troupes françaises en Indochine sud (Groupe Tactique Sud - G.T.S.). Un troisième Catalina rejoint ceux de la surveillance maritime tandis que deux appareils sont destinés aux opérations du Tonkin et Cochinchine. La 8.F comprend alors neuf appareils dont 6 disponibles. En 1949, à la suite d'indisponibilité et de cruels manques de pièces de rechange, la situation du parc de la 8.F s'établit de la manière suivante : un Catalina à Haïphong (15.09.1949 - 21.10.1949), un Catalina à Haïphong et un à Saïgon (15.11 - 4.12), du 4 au 15 décembre aucun appareil n'est disponible. Le 24 novembre 1950, les premiers quadrimoteurs Privateer arrivent en provenance des États-Unis pour prendre la relève des vénérables Catalina de la 8.F. Les amphibies sont définitivement retirés en février 1951.

Les escadrilles 1.S, 2.S, 4.S, 5.S, 8.S, 12.S, 22.S et 56.S

De 1951 à 1955, l'escadrille 1.S basée à Lann-Bihoué utilise des Catalina qui opèrent aux côtés des NC 701, N.1002 et SB2C-5 Helldiver. En novembre et décembre 1954, un puis deux Catalina sont déployés pendant la guerre d'Algérie pour soutenir ceux de la 4.S (voir plus bas).
Le 1er avril 1955, la 1.S devient 2.S.

PBY-5A Catalina BuAer 34020 de l'escadrille 1.S vu à Lanvéoc-Poulmic. (© DR)

PBY-5A Catalina de l'escadrille 4.S. (© Coll. Chenard)

De novembre 1952 à août 1957, l'escadrille 4.S opère de quatre à six Catalina depuis la Base d'Aéronautique Navale de Lartigue. Ils servent durant la guerre d'Algérie dans des missions de surveillance, sauvetage maritime, entraînement au pilotage VSV, au radar, à la navigation, à l'écoute des bouées sonores, liaisons d'autorités et de transport. L'unité prend le numéro 5.S d'avril 1955 à fin 1956. Le 11 mai, le 5.S-10 piloté par le SM Richard intercepte au large du cap Ténès une vedette de contrebande battant pavillon du Costa Rica. Elle est interceptée après des tirs de semonce - aucune arme n'est trouvée à bord.

Issue de la section d'entraînement et de servitudes de Karouba, la 5.S est crée le 1er avril 1955 à Karouba sous l'appellation initiale 4.S (4ème). Cette formation est rebaptisée 5.S le 1er janvier 1957. Les Catalina sont utilisés jusqu'en 1958. Ils ont été engagés notamment dans la guerre d'Algérie.
A la fin de l'année 1950, la 8.S reçoit trois Catalina de la 8.F, alors fraîchement transformée sur Privateer.

PBY-5A Catalina de l'escadrille 8.S. (© ARDHAN)

Ces appareils (deux en service, un en volant de réserve) opèrent aux côtés de deux puis trois MS-500 et d'un Dakota (les cinq Sea-Otter ayant été versés à la 9.S en 1951). Les hydravions sont basés à Haïphong d'où ils effectuent des missions de SURMAR et de soutien d'opérations combinées. Au second semestre 1951, les Catalina dont l'entretien devient de plus en plus difficile, n'ont plus qu'une activité épisodique et le nombre d'heures de vol de l'escadrille tombe au-dessous de cent heures de vol par mois en moyenne.

En 1952, seul un Morane subsiste - les Catalina ayant été retirés.

Le 1er janvier 1946, une escadrille de SAMAR (SAuvetage MARitime) est mise en place à Agadir qui prend le nom d'escadrille 22.S. Le 24 juillet 1949, dix-sept personnes meurent dans l'accident d'un Catalina au large du Maroc. En 1951, la 22.S dispose encore de 3 Catalina pour le sauvetage mais la formation ne survivra pas longtemps et cèdera la place à l'escadrille 12.S, le 20 juin 1953 sur la base de Cuers-Pierrefeu. Par la même occasion les Catalina sont versés à d'autres escadrilles.

PBY-5A de l'escadrille 22.S. (© ARDHAN)

Enfin, l'Ecole du Personnel Volant qui devient le 1er janvier 1946 l'escadrille 52.S (1ère)/ École du Personnel Volant et Radariste qui change de nouveau de désignation le 1er octobre 1948, qui se transforme en "escadrille 56.S et École du Personnel Volant et Radariste" utilisa à partir d'Agadir (02.1943-04.1944), Thiersville (04.1944-10.1944), Lartigue (10.1944-02.1951) et de nouveau Agadir plusieurs Catalina de fin 1944 à 1955.

La dernière : la SL-PAC (1964-1971)
En août 1964, sont acquis trois PBY-5 (n° 20, 39 et 48) par UTA pour le compte du DIRCEN. Ils sont révisés chez UTA au Bourget. Le 1er octobre 1964, la
SLPAC (Section Liaison du PACifique) est officiellement créée. Le 19 mars 1965, les trois appareils partent du Bourget en direction de Papeete via Ajaccio, Athènes, Beyrouth, Bahreïn, Karachi, New Delhi, Calcutta, Rangoon, Pnom-Penh, Medan, Djakarta, Ball, Port-Darwin, Cloncurry, Brisbane, Nouméa, Nandi, Pago-Pago et Aitutaki.

Vue prise en mars 1965 du Catalina n° 48 de la SLPACI. (© Yves GOURITEN)

Le convoyage est effectué en 29 jours, 14.350 nautiques et 120 heures de vol. Le 17 avril, les trois amphibies arrivent au C.E.P. (Centre d'Expérimentations du Pacifique). Leur principale mission est le soutien au C.E.P. Le 2 septembre, le n° 20 s'abîme sur un récif à Hikvera. Deux jours plus tard le n° 39 s'abîme lui aussi en portant secours au n° 20.

Le Catalina n° 81 de la SLPACI. (© Yves GOURITEN)

Ils sont remplacés par les n° 20 et 32 qui arrivent en février 1966. Le 20 avril 1966, le n° 48 se crashe à l'amerrissage suite à l'ouverture de la trappe de la roulette avant.

Le Catalina n° 20 de la SLPACI vu sur le terrain de Faaa. (© Yves GOURITEN)

Il est récupéré puis considéré comme condamné. Les deux appareils restants (n° 20 et 32) participent au tir "Beltégeuse" (premier tir sous ballon) le 12 septembre. En avril 1968, le Convair n° 281 (n°81 dans l'A.N.) arrive au C.E.P. La même année, la SLPAC est intégrée au G.A.N. (Groupe Aéronautique Navale) Hao.

Vu en 1968, le n°32 crashé après avoir heurté violement une vague au décollage. (© Yves GOURITEN)

En 1970, les trois Catalina soutiennent la campagne de tirs nucléaires de 1970. Le 31 décembre 1971, la SLPACI est dissoute. Les amphibies sont stockés à Faaa, puis revendus au Chili en mars 1972.

Modèle

Années d'utilisation

BuAer/ Serial

N° Aéronautique navale

Immatriculation

Années d'utilisation

PBY-5A

34020

20

F-YCHA

1964-1965

OA-10A

CV520

20

F-YCHA

1966-1971

OA-10A

CV332

32

F-YCHB

1966-1971

PBY-5A

34039

39

F-YCHB

1964-1965

PBY-5A

48448

48

F-YCHC

1964-1966

Canso A

CV281

81

F-YEIC

1968-1971


sources - remerciements :
Historique de la 8.F/28.F -
Netmarine.
Jean-Pierre Dubois

Yves Gouriten
B. Servières

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