HYDRAVION BIMOTEUR DE PATROUILLE MARITIME

HISTORIQUE

Développement et carrière de l'appareil

Il vola pour la première fois le 29 mai 1937. Initialement construit pour le marché civil à la fin des années 30, le Grumman G-21 Goose commence à susciter l'intérêt immédiat des militaires, avec la commande en 1938 d'un exemplaire par l'U.S.Navy pour évaluation. Désigné XJ3F-1, le prototype fut suivi par 20 JRF-1A après le succès de la campagne d'évaluation. Les premiers exemplaires furent employés à des taches de transport, remorquage de cibles et comme plate-forme photo tant par l'U.S.Navy que le Corps des Marines. La seconde commande comprenait dix exemplaires, désignés JRF-4, pouvaient emporter des bombes et des charges de profondeur. Ils furent suivis par différentes versions destinées au Coast Guard et à l'USAAC. L'escalade militaire, conduisit en 1941, à la construction de 184 JRF-5.


Douze JRF-5 Goose en service dans l'Aéronautique navale (1952-1961)
Escadrille 8.S (1952-1959)
Quand l'unité fut formée en décembre 1945, la situation en Indochine était en train de gravement se détériorer. Il était désormais clair que la 8.S ne se cantonnerait plus aux missions de reconnaissance et de liaison mais également au support aérien rapproché au profit des troupes au sol.
En 1947, il fut décidé de rééquiper l’escadrille 8.S avec d’anciens Sea Otter de la Royal Air Force issus de surplus à Trincomalee. A partir de l’été 1947, l’unité fut à nouveau opérationnelle et commença à contribuer efficacement à l’effort de guerre.
En 1950, de nouveaux Sea Otter furent acquis pour équiper une nouvelle escadrille : la 9.S. Le financement de cet achat fut assuré par le Service des Douanes qui souhaitait mettre fin aux trafics en tous genres.
En décembre de la même année, les Sea Otter de l’escadrille 8.S furent tous transférés à la 9.S. Avec la transformation des pilotes de la flottille 8.F sur P4Y-2 Privateer, les PBY Catalina restants sont reversés à la 8.S.
Face à l’ampleur de la guerre en Indochine et ses enjeux politiques, les Américains commencent à soutenir les Français en leur livrant du matériel. Fin 1951, le remplacement des Sea Otter devient urgent en raison de problèmes mécaniques et de la perte accidentelle de deux appareils.
De manière assez évidente, le remplaçant sera un appareil américain dont le modèle retenu par l’US Military Advisory Group pour l’Indochine est l’amphibie Grumman JRF-5 Goose. L’escadrille 9.S est dissoute le 30 mars 1951 ; les Sea Otter sont rayés de l’inventaire de l’Aéronautique navale et une partie du personnel est transférée à la 8.S qui allait recevoir le Goose. Le 13 mars 1952, a lieu la remise officielle des premiers appareils au commandant de la 8.S, le LV Monnier, en présence d’officiels français et américains.
JRF-5 Goose codé 8.S-12. (©Coll.Gaubert)
Douze JRF-5 sont délivrés à la 8.S selon plusieurs sources concordantes. Cinq appareils supplémentaires sont acquis en 1954. Les amphibies sont peints en bleu foncé (« dark blue US Navy ») et ne comporte aucun marquage en anglais excepté la ligne de danger pour les hélices. Les premières opérations sur Goose sont laborieuses en raison du peu d’expérience des marins français sur le type. Un instructeur américain est envoyé sur place pour y remédier. Les Français utilisaient l’amphibie pour des missions de reconnaissance maritime et de communications tant sur les rivières que sur des pistes sommaires.
JRF-5 Goose survolant un navire de commerce en 1959. (©DR)
Petit à petit, le Goose est militarisé avec l’introduction d’instruments de vol améliorés, une radio VHF pour les communications avec les troupes au sol et une mitrailleuse jumelée de 7,62 mm placée sur la porte latérale. En outre, une mitrailleuse fixe à l’avant fut fixée sur un appareil. De plus, des racks pour quatre bombes de 100 lb furent installés sous les ailes. Une technique spécifique de bombardement fut adoptée. L’avion volait très bas pour échapper au tir sol-air légers et lâchait ses bombes.
D’autres configurations d’armements furent testées avec des roquettes et des mini bombes notamment. Le Goose participait également à l’évacuation des blessés grâce aux deux civières. Des croix rouges furent d’ailleurs peintes sur quelques appareils. Les Goose opéraient depuis les régions de Cat-Laï et Saïgon d’où ils effectuaient des missions côtières et maritimes. Un avion était occasionnellement déployé sur le tender d’aviation Robert Giraud tandis qu’un autre tender, le Paul Goffeny en ravitailla plusieurs en mer.
Alignement de quatre JRF-5 Goose de la 8.S à Cat-Laï. (©Marine Nationale)
L’escadrille 8.S est très active, la première année d’opération, 1.800 missions sont menées en 2.000 heures de vol. La dernière opération de l’unité avant le cessez le feu de mai 1954, consiste à escorter le porte-avions Dixmude transformé en transport d’aviation, le long de la rivière de Saïgon vers l’océan. Avec la fin de la guerre, les Goose sont relayés à des missions d’entraînements (VSV notamment) et sont mis à la disposition de la commission d’armistice (personnel canadien, polonais et indien). En 1955-56, avec le retrait des forces françaises d’Indochine, la 8.S déménage de Cat-Laï vers Tan-Son-Nhut. Quatre appareils restent en Extrême Orient et onze sont envoyés en Afrique du Nord française. Les JRF-5 restés en Indochine sont convoyés en Nouvelle-Calédonie ; peu d’informations existent sur la carrière de ces quatre appareils.
Jusqu’à sa dissolution le 1er octobre 1959, l’escadrille 8.S opère depuis la base d’Alger-Maison-Blanche avec qui elle partage la partie marine du terrain avec l’escadrille 32.S, une unité de transport aérien. La guerre d’Algérie succède à celle d’Indochine, les appareils effectuent des missions similaires à celles dévolues aux Sea Otter au début de la guerre d’Indochine : reconnaissance maritime et lutte contre le trafic d’armes. Quelques Goose sont déployés en Métropole sur l’hydrobase de Saint-Mandrier où ils y effectuent des missions de soutien.
JRF-5 Goose de la 8.S sur le parking d'Alger-Maison-Blanche. (©Coll.Gaubert)
Début 1959, des deux côtés de la Méditerranée, les appareils suivants sont opérationnels : BuAer 37791, 37784, 87741 et 87742.

Flottille 27.F (1959-1961)
Deux amphibies sont déployés au sein d’une flottille d’amphibies sur P5M-2 Marlin basée sur la BAN de Dakar-Bel-Air (Sénégal).
Le JRF-5 Goose 827 codé 27.F-12 à Dakar-Bel-Air parqué devant des P5M-2 Marlin. (©Coll.P.Simon)
La 27.F reçoit les JRF-5 827 (ex 8.S-1) et 078 (ex 8.S-11) qui sont respectivement codés 27.F-12 et 27.F-11. Le 27 janvier 1961, un Goose basé à Dakar-Ouakam décolle de Tambacounda au Sénégal en configuration VIP et s’écrase rapidement. Les six occupants sont tués dont l’amiral Ponchardier commandant la zone atlantique sud et son état-major. La carrière des Goose s’achève fin 1961. Un JRF-5 codé CS-20 opéra au Maroc vraisemblablement depuis Casablanca.



sources - remerciements :
Jean Pierre Dubois - "French Operated Geese in Indochina and elsewhere" - Air Britain Digest - novembre-décembre 1981.

Major Norbert Desgouttes - "Les commandements de l'Aéronautique Navale" (1912-2000) - ARDHAN 2001.



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